
7 Mar, 2025
Les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) menacent la sante du placenta et la grossesse, en affectant la mère et le foetus selon une étude scientifique.

Une exposition aux per- et polyfluoroalkylées aux conséquences alarmantes pour la grossesse
Les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont des substances chimiques utilisées dans de nombreux produits du quotidien pour leurs propriétés antiadhésives et imperméables. Présents dans les emballages alimentaires, les textiles et les ustensiles de cuisine, ces produits chimiques dangereux sont désormais détectés dans l’environnement et même dans le sang humain. Selon une étude récente publiée dans Environment International, ces composés pourraient nuire au bon déroulement de la grossesse en affectant la structure et la fonction du placenta.
En s’appuyant sur une cohorte de 367 femmes enceintes suivies entre 2014 et 2017, des chercheurs de l’Inserm, du CHU de Grenoble et d’autres instituts français ont mis en évidence un lien entre l’exposition aux per- et polyfluoroalkylées et une modification placentaire, un organe clé dans le développement du fœtus. Ces résultats préoccupants soulignent la nécessité d’étudier plus en profondeur les effets de ces substances sur la santé maternelle et infantile.
La santé du placenta fragilisée par ces substances nocives
Le placenta joue un rôle central pendant la grossesse en assurant les échanges vitaux entre la mère et le fœtus. Il permet l’apport d’oxygène, de nutriments essentiels de et l’élimination des déchets. L’étude menée en France révèle que l’exposition aux PFAS impacte la structure de cet organe, en altérant les villosités placentaires. Ces villosités, sortes de petits prolongements qui assurent la vascularisation placentaire, semblent affectées par au moins trois types de per- et polyfluoroalkylées identifiés dans l’étude.
Cette altération pourrait réduire l’efficacité des échanges sanguins entre la mère et l’enfant, compromettant ainsi son développement. De plus, certains chercheurs suspectent que ces modifications puissent entraîner des complications plus graves, comme des troubles hypertensifs de la grossesse, des naissances prématurées ou encore un retard de croissance intra-utérin. Ces résultats mettent en lumière une menace environnementale silencieuse, dont les implications sur la santé publique pourraient être majeures.
Un lien entre concentration de PFAS et réduction du poids placentaire
Une autre découverte significative de cette étude concerne le poids du placenta. Les chercheurs ont observé que chez les femmes présentant des concentrations élevées de sept per- et polyfluoroalkylées spécifiques, le poids placentaire était inférieur à la moyenne. Or, un placenta de faible poids pourrait indiquer une capacité réduite à remplir ses fonctions essentielles, ce qui pourrait influencer négativement le développement du fœtus. Une diminution du poids placentaire est souvent associée à une mauvaise perfusion sanguine et à une restriction des apports en oxygène et en nutriments.
Ces observations renforcent l’idée que les per- et polyfluoroalkylées, déjà connus pour leur persistance dans l’organisme, pourraient avoir des effets délétères sur la grossesse, accentuant les risques de complications périnatales. La communauté scientifique appelle à une réglementation plus stricte de ces substances afin de limiter l’exposition des populations les plus vulnérables, notamment les femmes enceintes.
Vers une étude à plus grande échelle pour confirmer ces résultats
Face à ces résultats préoccupants, les chercheurs appellent à élargir les investigations. Une étude nationale permettrait d’analyser l’impact des per- et polyfluoroalkylées sur un échantillon plus large de femmes enceintes, et de mieux comprendre les mécanismes biologiques en jeu. Des études complémentaires sur les marqueurs histologiques de cet organe pourraient également aider à préciser l’étendue des dégâts causés par ces polluants et leurs conséquences à long terme sur la santé des enfants.
En attendant ces avancées, les scientifiques recommandent d’adopter des précautions pour limiter l’exposition aux PFAS, en privilégiant par exemple des produits sans emballages plastiques fluorés ou en évitant les ustensiles de cuisine antiadhésifs contenant ces substances. Alors que l’Union européenne envisage de renforcer la réglementation sur ces substances, ces nouvelles recherches apportent un argument supplémentaire en faveur de mesures préventives pour protéger la santé des futures générations.
Source : INSERM – https://presse.inserm.fr/les-pfas-peuvent-alterer-la-sante-du-placenta-pendant-la-grossesse/70020/ – Publié le 13/02/2025