
5 Mai, 2025
L’hyperglycémie provoque un impact sur la peau majeur en altérant les fibroblastes, freinant la cicatrisation et la production de collagène, tout en accélérant le vieillissement cutané. Une étude révèle comment ce dérèglement cellulaire menace l’équilibre et la santé du derme.

Hyperglycémie : comment elle dérègle les fibroblastes cutanés
Les fibroblastes, cellules maîtresses du derme, assurent la production de collagène et jouent un rôle central dans la cicatrisation des cellules cutanées. Mais en situation d’hyperglycémie, leur fonctionnement est fortement perturbé. Une étude conjointe menée par l’Inserm, l’Université de Bordeaux et LVMH Recherche a examiné l’impact de différentes concentrations de glucose sur ces cellules cutanées essentielles. Résultat : même un taux modéré de glucose dans le derme altère profondément le métabolisme énergétique des fibroblastes. Ces derniers, exposés à un environnement sucré, voient leur efficacité réduite, ce qui compromet l’intégrité de la peau. Ces résultats permettent de mieux comprendre les effets visibles sur la peau chez les personnes souffrant de troubles métaboliques.
Quand le stress oxydatif accélère le vieillissement cutané
Les mitochondries, véritables générateurs d’énergie dans nos cellules, sont fortement impactées par l’hyperglycémie. Dans les fibroblastes, leur respiration cellulaire est ralentie voire bloquée, générant des molécules toxiques responsables du stress oxydatif. Cette chaîne réactionnelle, bien connue pour accélérer le vieillissement cutané, est ici déclenchée par l’excès de glucose. Plus la glycémie est élevée, plus les mitochondries se fragmentent, jusqu’à leur destruction. Ce processus une fragilisation cutanée, qui devient plus fine, terne et vulnérable. En l’absence d’énergie suffisante, le renouvellement cellulaire ralentit. Cette détérioration insidieuse explique en partie l’apparition de rides prématurées chez les personnes diabétiques ou soumises à un régime riche en sucres.
Cicatrisation entravée : le collagène sous tension
La cicatrisation repose sur la capacité des fibroblastes à migrer dans les zones lésées et à produire un collagène structuré. Or, sous hyperglycémie, ce processus est gravement compromis. Le réseau de collagène devient irrégulier, moins dense, et incapable de servir de guide aux fibroblastes. Ces cellules peinent alors à se déplacer efficacement pour réparer la peau abîmée. Cette entrave mécanique explique pourquoi les plaies cicatrisent plus lentement chez les patients diabétiques. Le manque de collagène fonctionnel entraîne également une moindre élasticité cutanée. Résultat : une peau qui se régénère mal, reste marquée et se fragilise face aux agressions extérieures. L’impact est donc à la fois esthétique et fonctionnel, posant un réel enjeu dermatologique.
GDF15 : une piste innovante de régénération
Le facteur de croissance GDF15 est un acteur clé dans la régulation de l’activité mitochondriale. L’étude révèle qu’il est fortement inhibé dès les premiers signes d’hyperglycémie, contribuant à la chute de la production de nouvelles mitochondries. Mais cette voie pourrait aussi devenir un levier thérapeutique : la supplémentation en GDF15 dans les modèles de peau testés a permis de restaurer partiellement les fonctions métaboliques, malgré la persistance d’un environnement sucré. Ce facteur semble capable de relancer la dynamique énergétique et de préserver les capacités des fibroblastes. Même si son efficacité reste à confirmer dans des contextes inflammatoires réels, cette découverte ouvre des perspectives prometteuses pour limiter les effets cutanés de l’hyperglycémie chronique.
Des modèles cellulaires au patient : une recherche multi-échelle
Pour mener à bien cette étude, les scientifiques ont utilisé quatre modèles complémentaires : des fibroblastes cultivés in vitro, un derme reconstitué en 3D, une peau humaine reconstituée combinant derme et épiderme, et enfin des biopsies cutanées de patients diabétiques. Cette diversité d’approche a permis de valider les observations dans des environnements proches de la réalité biologique. Les résultats convergent : la régulation énergétique de ces cellules est extrêmement sensible aux variations du taux de glucose. Les conséquences sur la qualité de la peau sont visibles à chaque stade, qu’il s’agisse de simple déstructuration tissulaire ou d’un vieillissement cutané plus global. Ces données renforcent l’importance de maintenir une glycémie stable pour préserver l’homéostasie cutanée.
Vers de nouvelles approches thérapeutiques ciblant l’épiderme
Ces avancées fondamentales ouvrent la voie à des applications dermatologiques ciblées. En identifiant les mécanismes moléculaires précis affectés par l’hyperglycémie, les chercheurs envisagent désormais des stratégies innovantes : soins topiques riches en antioxydants, activateurs du métabolisme mitochondrial, voire traitement au GDF15. Ces perspectives sont d’autant plus précieuses que les pathologies métaboliques progressent dans la population. Préserver l’équilibre énergétique des cellules cutanées pourrait devenir une priorité en prévention du vieillissement précoce et des troubles de la cicatrisation. Ces pistes de recherche, encore en phase exploratoire, soulignent la complexité du lien entre nutrition, métabolisme et santé cutanée.
Une dynamique scientifique soutenue par l’innovation française
Ce projet de recherche a été co-dirigé par Rodrigue Rossignol (Inserm) et Anne-Laure Bulteau (LVMH Recherche), dans le cadre d’une thèse CIFRE portée par la docteure Seyta Ley Ngardigal. Financé par l’Inserm, LVMH Recherche, l’Université de Bordeaux, la FRM et la région Nouvelle-Aquitaine, il illustre la force des partenariats entre institutions publiques et acteurs privés. Les Conventions CIFRE favorisent le transfert de savoirs entre laboratoires et entreprises, stimulant l’innovation dans des secteurs clés comme la cosmétologie et la médecine préventive. Cette synergie entre expertise scientifique et intérêt industriel témoigne d’une volonté commune de trouver des solutions concrètes aux enjeux liés au vieillissement cutané induit par l’hyperglycémie.
Source : Inserm – https://presse.inserm.fr/hyperglycemie-vers-une-meilleure-comprehension-de-son-impact-deletere-sur-la-peau/70412/ – Publié le 30/04/2025