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SOPK : une nouvelle avancée contre cette cause majeure d’infertilité féminine

SOPK : une nouvelle avancée contre cette cause majeure d’infertilité féminine

2 Mai, 2025

Le SOPK, identifié comme l’une des premières causes d’infertilité féminine, pourrait être mieux compris grâce aux recherches de l’Inserm. Ces travaux révèlent un lien entre hormone anti-Müllérienne, mini-puberté et troubles métaboliques, ouvrant la voie à un traitement ciblé.

SOPK : un déséquilibre hormonal complexe aux répercussions multiples (troubles métaboliques…)

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) touche près d’une femme sur dix et figure parmi les principales causes d’infertilité féminine. Ce trouble hormonal se manifeste par une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone, qui perturbe l’ovulation. Il en résulte un arrêt du développement des follicules ovariens, responsables de la maturation des ovules. Ce dysfonctionnement du cycle menstruel rend difficile, voire impossible, la conception naturelle. Le SOPK ne se limite toutefois pas à un problème de reproduction. Il est aussi associé à de nombreux troubles métaboliques, comme le surpoids, la résistance à l’insuline, voire le diabète de type 2, augmentant ainsi les risques cardiovasculaires. Ce syndrome aux multiples facettes reste encore mal compris, et les traitements actuels sont souvent symptomatiques, visant à réduire l’acné, l’hirsutisme ou à réguler les cycles menstruels. Dans ce contexte, les nouvelles pistes de recherche, telles que celles menées par l’Inserm, sont essentielles pour améliorer la prise en charge globale du SOPK.

L’hormone anti-Müllérienne au cœur d’une stratégie thérapeutique novatrice

Face aux limites des traitements actuels, une équipe de chercheurs de l’Inserm, du CHU de Lille et de l’université de Lille, dirigée par Paolo Giacobini, a identifié une piste thérapeutique prometteuse visant à neutraliser une hormone clé dans le développement du SOPK, entraînant une infertilité féminne : l’hormone anti-Müllérienne (AMH). Produite en excès par les follicules ovariens chez les femmes atteintes, l’AMH interfère avec le système reproducteur dès les premiers jours de la vie. En bloquant cette hormone grâce à un anticorps expérimental, les chercheurs sont parvenus à empêcher l’apparition des symptômes du SOPK chez des souris. L’étude, publiée dans Cell Metabolism, met en évidence l’efficacité de cette approche tant en prévention qu’en traitement. Les souris adultes déjà symptomatiques ont vu leurs troubles diminuer, suggérant que l’impact de cette intervention pourrait être réversible. Ce résultat ouvre la voie à des thérapies plus ciblées et personnalisées.

La mini-puberté : un moment-clé dans la prédisposition à cette source d’infertilité féminine

L’une des découvertes majeures de cette étude est l’implication de la mini-puberté, une phase hormonale intense qui survient quelques jours à quelques mois après la naissance. Cette période, souvent ignorée du grand public, est pourtant cruciale dans la mise en place des circuits de régulation hormonale chez les mammifères. Elle est marquée par une activation des neurones libérant la GnRH (gonadotropin-releasing hormone), qui orchestre le fonctionnement des ovaires et des testicules. Les scientifiques ont démontré qu’une exposition élevée à l’hormone anti-Müllérienne pendant cette phase sensible pouvait favoriser l’apparition ultérieure des signes cliniques du SOPK. Les souris ayant reçu de fortes doses de cette hormone à ce stade ont développé à l’âge adulte des troubles similaires à ceux du syndrome : infertilité, dérèglements hormonaux et prise de poids. Cette corrélation permet d’envisager des actions préventives très précoces, bien qu’encore théoriques chez l’être humain, où le diagnostic du SOPK n’est posé qu’après la puberté.

Un anticorps ciblé, Ha13, pour bloquer les effets de l’AMH

Pour valider leur hypothèse, les chercheurs ont conçu un anticorps baptisé Ha13, destiné à neutraliser les récepteurs de l’AMH présents dans les ovaires et sur les neurones producteurs de GnRH. En l’administrant à deux groupes de souris – l’un juste après la naissance, l’autre à l’âge adulte – ils ont pu observer les effets préventifs et curatifs de ce traitement. Chez les jeunes souris, l’administration a permis d’éviter le développement des symptômes du SOPK. Quant aux adultes déjà atteints, les anticorps ont amélioré les fonctions ovariennes, rétabli l’équilibre hormonal, normalisé les cycles et réduit la production excessive d’androgènes. Ce résultat expérimental suggère un potentiel thérapeutique réel, qui pourrait transformer la manière dont on aborde cette pathologie. Il offre l’espoir de traitements ciblés agissant sur les causes et non plus seulement sur les effets.

Vers une application chez l’humain : l’Inserm évoque l’espoir et les précautions

L’enthousiasme suscité par ces découvertes reste mesuré. Chez l’être humain, l’identification du SOPK n’intervient qu’après la puberté, souvent à l’occasion d’une consultation pour cycles irréguliers ou problèmes de fertilité. La possibilité d’un traitement durant la mini-puberté semble donc difficilement envisageable à court terme, d’autant que les conséquences d’un tel blocage hormonal à long terme doivent encore être étudiées. En revanche, l’administration d’anticorps anti-AMH à l’âge adulte ouvre une voie prometteuse pour des femmes souffrant de SOPK diagnostiqué. Ce traitement pourrait améliorer leur fertilité, réduire les complications métaboliques, et améliorer leur qualité de vie. Pour sécuriser cette avancée, un brevet a été déposé par l’équipe Inserm via Inserm Transfert. Les chercheurs espèrent désormais tester cette approche en essais cliniques, une étape indispensable avant de proposer une solution thérapeutique validée et disponible.

Source : Inserm – lien https://presse.inserm.fr/sopk-une-nouvelle-piste-therapeutique-contre-lune-des-principales-causes-dinfertilite-feminine/70315/ – Publié le 11/04/2025