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Mycotoxines : un danger accru par le changement climatique 

Mycotoxines : un danger accru par le changement climatique 

1 Mai, 2025

Les mycotoxines, toxines issues des champignons toxiques, deviennent une menace croissante pour la santé humaine et l’agriculture en raison du changement climatique. L’augmentation des températures et de l’humidité favorise leur prolifération, comme l’alerte l’AEE. 

Mycotoxines : des toxines fongiques aux effets dévastateurs sur la santé  

Les mycotoxines sont des substances naturellement produites par des champignons qui se développent sur les cultures agricoles comme le blé, le maïs et l’orge. Invisibles et inodores, elles contaminent les denrées alimentaires et représentent un véritable danger pour la santé. Une fois ingérées, ces toxines peuvent perturber le système hormonal, affaiblir le système immunitaire et provoquer des dommages au foie et aux reins. Des études montrent également que certaines mycotoxines, notamment l’aflatoxine et l’ochratoxine, ont un effet cancérigène avéré, augmentant ainsi le risque de développer certains types de cancers. 

Les populations les plus vulnérables sont les nourrissons, les jeunes enfants, les femmes enceintes et les travailleurs du secteur agroalimentaire. En raison de leur métabolisme plus fragile, ces groupes sont plus exposés aux effets néfastes des mycotoxines, ce qui soulève une préoccupation majeure pour les autorités sanitaires européennes. 

Champignons toxiques : une contamination alimentaire insidieuse et difficile à éliminer 

L’une des principales difficultés liées aux mycotoxines est qu’elles contaminent les aliments sans en altérer l’aspect, l’odeur ou le goût. Elles se retrouvent majoritairement dans les céréales et leurs dérivés comme le pain, les pâtes ou encore les biscuits. Contrairement à certaines bactéries, ces toxines ne sont pas éliminées par la cuisson ou le lavage des aliments. 

Le risque ne s’arrête pas à l’alimentation solide. L’eau potable peut également être contaminée, notamment par le ruissellement agricole qui transporte ces toxines vers les nappes phréatiques et les cours d’eau. D’autres modes d’exposition existent, comme l’inhalation des spores de champignons toxiques par les travailleurs agricoles, ou encore l’absorption cutanée pour ceux qui manipulent des cultures contaminées. 

Le changement climatique, un facteur aggravant 

Le changement climatique bouleverse les équilibres biologiques et favorise la prolifération des fongus producteurs de mycotoxines. Avec des températures plus élevées et une humidité accrue, ces micro-organismes trouvent des conditions optimales pour se développer et contaminer davantage les cultures. 

Les précipitations extrêmes, les inondations et l’érosion des sols augmentent la diffusion des spores fongiques et des toxines dans l’environnement. De plus, les périodes de sécheresse fragilisent les plantes, les rendant plus sensibles aux infections fongiques. Cette combinaison de facteurs entraîne une augmentation significative de la contamination des cultures et donc du risque pour la santé humaine et animale. 

Une menace économique pour le secteur agricole 

Les mycotoxines ne posent pas seulement un problème de santé publique : elles représentent également un défi majeur pour l’agriculture et l’économie. Lorsque des cultures sont contaminées par ces toxines, elles ne peuvent plus être commercialisées ou doivent être soumises à des traitements coûteux pour limiter leur toxicité. Cela entraîne des pertes financières considérables pour les agriculteurs et impacte la chaîne d’approvisionnement alimentaire. 

La nécessité de lutter contre les champignons toxiques pousse les exploitants agricoles à utiliser davantage de fongicides. Or, une utilisation excessive de ces produits chimiques peut conduire au développement de résistances, compliquant encore davantage la gestion des infections fongiques. Cette situation pourrait également favoriser l’apparition de nouvelles souches pathogènes résistantes, mettant en péril la production alimentaire mondiale. 

Une approche globale pour réduire les risques 

Face à cette menace croissante, l’Union européenne préconise une approche « One Health » qui prend en compte l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale. Cette stratégie repose sur une surveillance accrue des cultures, des conditions climatiques et des aliments transformés afin d’anticiper et limiter la contamination par les mycotoxines. 

Plusieurs solutions sont envisagées pour réduire ces risques. L’amélioration des pratiques agricoles, notamment la rotation des cultures et l’adoption de techniques de culture adaptées aux nouvelles conditions climatiques, permettrait de limiter la propagation des champignons toxiques. Le développement de variétés végétales résistantes aux infections fongiques est également une piste prometteuse pour l’avenir. 

L’usage de solutions biologiques, comme l’introduction de micro-organismes capables de contrer la prolifération des champignons producteurs de mycotoxines, représente une alternative aux pesticides chimiques. Enfin, les chercheurs travaillent sur des modèles prédictifs capables d’anticiper les conditions propices à l’apparition de ces toxines afin d’intervenir en amont et limiter leur impact. 

Source : EEA – https://www.eea.europa.eu/en/newsroom/news/climate-change-impacts-leading-to-increased-exposure-to-harmful-toxins – Publié le 10/03/2025