
22 Mai, 2025
En Europe, le gaspillage alimentaire génère des impacts environnementaux conséquents. L’AEE alerte sur l’urgence d’améliorer les mesures de prevention dechets pour avancer vers une economie circulaire plus vertueuse.

Le gaspillage alimentaire, un fléau persistant au coeur des politiques environnementales
Malgré les efforts engagés, le gaspillage alimentaire continue de représenter un véritable enjeu écologique et économique pour l’Union européenne. Selon le dernier rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), près de 132 kg de nourriture ont été gaspillés par habitant en 2022, soit un total de plus de 59 millions de tonnes sur l’année. Ce gaspillage s’étend sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, depuis la production jusqu’’à la consommation domestique. Le rapport met en lumière la nécessité de renforcer les stratégies existantes, à l’heure où l’économie circulaire s’impose comme une réponse majeure aux enjeux environnementaux actuels.
Des mesures encore trop timides face à l’urgence
Si certains États membres ont lancé des campagnes de sensibilisation ou mis en place des systèmes de suivi, les actions concrètes restent inégales sur le territoire européen. Les incitations financières et les réglementations contraignantes sont encore peu exploitées. Pourtant, l’efficacité de ces leviers n’est plus à démontrer. L’AEE souligne que pour réduire significativement les volumes gaspillés, il est essentiel de mieux comprendre l’impact des politiques actuelles et d’en mesurer les résultats. Le renforcement des dispositifs passe aussi par une meilleure intégration du gaspillage alimentaire dans les politiques climatiques et de biodiversité.
Des objectifs chiffrés pour 2030 pour l’Europe
Dans une logique d’harmonisation et d’accélération, l’Europe s’apprête à adopter deux objectifs contraignants de réduction du gaspillage alimentaire d’ici 2030. Les Etats membres devront viser une baisse de 10 % dans les secteurs de la transformation et de la production, et de 30 % dans les circuits de distribution et chez les consommateurs. Ces cibles s’inscrivent dans la stratégie Zéro Pollution et devraient inciter les différents acteurs à repenser l’ensemble de la chaîne logistique et à mieux valoriser les denrées disponibles. C’est un tournant politique important qui pourrait entraîner une modification profonde des modèles de consommation en Europe.
Réduire les impacts environnementaux à la source
Le gaspillage alimentaire représente environ 16 % des émissions de gaz à effet de serre liées au système agroalimentaire de l’UE. Cela implique un gaspillage indirect de ressources naturelles précieuses comme l’eau, le sol ou l’énergie, mobilisées pour produire des aliments qui ne seront jamais consommés. Par ailleurs, les pesticides et engrais chimiques utilisés intensément contribuent à la pollution des écosystèmes, sans aucun bénéfice final. La lutte contre le gaspillage alimentaire devient donc un levier essentiel de la lutte contre les impacts environnementaux, mais aussi un acte fort pour la protection de la biodiversité.
Intégrer la prévention des déchets à la stratégie d’alimentation
L’AEE plaide pour une meilleure application de la « hiérarchie d’utilisation des aliments ». Cela implique de favoriser la redistribution des surplus vers les associations, de transformer les invendus en aliments pour animaux ou en compost, plutôt que de les envoyer directement au recyclage ou à l’incinération. Cette approche systémique suppose une meilleure coordination entre les politiques publiques et les acteurs privés, pour créer des circuits courts efficaces et éviter les pertes. Elle participe à l’émergence d’une alimentation durable et à l’amélioration de la sécurité alimentaire en Europe.
Une économie circulaire au service de la réduction des pertes
Le concept d’économie circulaire prend tout son sens dans le cadre de la lutte contre le gaspillage alimentaire. En limitant le recours aux ressources naturelles et en prolongeant la durée de vie des produits, ce modèle offre une alternative durable au système linéaire de production-consommation. L’intégration de pratiques telles que l’écoconception, la logistique inversée ou encore l’étiquetage intelligent permettrait de réduire les pertes à chaque étape du cycle de vie des aliments. Ces innovations ouvrent la voie à une transformation profonde du système agroalimentaire européen.
Des tendances contrastées selon les secteurs
L’analyse globale de la production de déchets entre 2010 et 2022 montre que la croissance des déchets a été moins rapide que celle de l’activité économique dans l’UE, ce qui suggère une relative déconnexion. Toutefois, cette tendance positive ne concerne pas tous les secteurs. Alors que l’industrie manufacturière et les services enregistrent des baisses, les secteurs de la gestion des déchets et de l’eau continuent de produire toujours plus. Ces disparités montrent la complexité des enjeux et soulignent l’importance d’une approche adaptée aux réalités de chaque filière.
Vers une souveraineté nutritionnelle européenne renforcée
Limiter le gaspillage alimentaire ne répond pas seulement à une logique environnementale : c’est aussi un enjeu stratégique pour l’autonomie de l’Europe. En réduisant la dépendance aux importations de denrées et en optimisant l’utilisation des ressources disponibles sur le territoire, l’UE peut renforcer sa résilience face aux crises alimentaires. Cela passe par des politiques de production locale, une redistribution plus équitable des aliments et la promotion d’un modèle agricole plus sobre et régénératif.
Source : AEE – https://www.eea.europa.eu/en/newsroom/news/eu-waste-prevention-checkup-more-effective-measures-needed-to-tackle-food-waste – Publié le 31/03/2025