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Décarbonation du bâtiment : l’ONU met en garde sur les retards alarmants  

Décarbonation du bâtiment : l’ONU met en garde sur les retards alarmants  

20 Mai, 2025

La décarbonation du bâtiment stagne : les émissions CO2 restent élevées, les codes énergétiques sont peu appliqués et les objectifs zéro émission nette semblent menacés avant la COP30. 

Décarbonation du bâtiment : un ralentissement inquiétant malgré des signaux positifs  

Pour la première fois depuis 2020, les émissions de CO2 du secteur du bâtiment n’ont pas augmenté, selon le dernier rapport de l’ONU. Un tournant historique, qui laisse entrevoir l’impact réel des efforts déployés pour la décarbonation du bâtiment à l’échelle mondiale. Cette stagnation est attribuée à une meilleure application des codes énergétiques, à l’intégration progressive des énergies renouvelables dans la consommation finale et à des investissements croissants dans l’efficacité énergétique. Mais l’enthousiasme est tempéré par une réalité plus complexe. Le rythme des avancées reste insuffisant pour répondre à l’urgence climatique. Moins de la moitié des nouvelles constructions dans les pays émergents sont régies par des normes environnementales strictes. Une analyse approfondie de l’efficacité énergétique dans l’immobilier reste un défi mondial démontre les limites structurelles qui freinent cette transition pourtant indispensable. 

Les émissions CO2 des bâtiments toujours trop élevées pour les objectifs climatiques 

Le secteur du bâtiment est responsable à lui seul de 34 % des émissions de CO2 à l’échelle mondiale et consomme environ un tiers de l’énergie mondiale. Ces chiffres sont alarmants, et ce malgré les progrès de décarbonation enregistrés. En 2023, la croissance de la construction a été pour la première fois dissociée de l’augmentation des émissions, grâce à des choix techniques plus sobres et une meilleure efficacité énergétique. Toutefois, cette déconnexion reste fragile. Le recours à des matériaux à forte empreinte carbone comme le ciment et l’acier continue de faire peser une lourde charge sur le climat. Ces matériaux comptent pour 18 % des émissions globales, sans compter les volumes massifs de déchets qu’ils génèrent. Un virage vers des matériaux durables, des processus de réutilisation et la généralisation des normes environnementales reste donc indispensable pour favoriser la décarbonation du bâtiment. Une étude récente sur la neutralité carbone dans l’immobilier urbain va dans le même sens : sans rupture, l’ambition climatique restera un vœu pieux. 

Les codes énergétiques, un levier encore sous-exploité 

Adopter des codes énergétiques stricts est l’un des moyens les plus efficaces pour accélérer la décarbonation du bâtiment. Le rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) appelle les principaux pays émetteurs à rendre ces normes obligatoires d’ici 2028, et les autres d’ici 2035. Pourtant, ces objectifs sont loin d’être atteints : plus de 50 % des surfaces bâties récemment dans les pays en développement échappent toujours à ces cadres réglementaires. Par ailleurs, les mesures les plus efficaces – comme l’installation de pompes à chaleur ou l’utilisation de matériaux biosourcés – sont en net recul. La réforme des codes énergétiques ne doit pas être symbolique dans le cadre de la décarbonation du bâtiment : elle doit s’accompagner de mécanismes de contrôle, d’incitations financières et de programmes de formation pour les professionnels du secteur. L’intégration des réformes dans les CDN reste un passage obligé pour remplir les engagements pris lors de la COP28. 

Zéro émission nette : de nouvelles pratiques à accélérer dans le secteur 

Le concept de « zéro émission nette » dans l’immobilier repose sur des piliers précis : rénovation thermique des bâtiments existants, allongement de leur durée de vie, utilisation de matériaux à faible empreinte carbone, économie circulaire, et conception passive. Ces approches permettent de réduire à la source les émissions et les besoins en énergie et accélérer la décarbonation du bâtiment. La rénovation énergétique, en particulier, représente un levier fondamental pour limiter l’impact climatique du parc immobilier ancien, souvent mal isolé et énergivore. Pourtant, ces solutions peinent à se généraliser. Le manque de financement, les freins réglementaires et les difficultés de mise en œuvre ralentissent leur adoption. De plus, la décarbonation du bâtiment et la transition vers un modèle circulaire exige un bouleversement des pratiques industrielles et une transformation des habitudes des acteurs du BTP. La standardisation des baux verts ou la mise en place d’incitations fiscales pourraient jouer un rôle catalyseur dans ce changement systémique. 

COP30 : un appel à l’action mondiale pour transformer durablement le secteur immobilier 

La prochaine conférence des Nations Unies sur le climat (COP30), prévue à Belém, au Brésil, cristallise les attentes. Le rapport plaide pour un doublement des investissements mondiaux dans l’efficacité énergétique des bâtiments, passant de 270 milliards à 522 milliards de dollars d’ici 2030. Pour combler le déficit de financement, les institutions proposent de renforcer les mesures de Responsabilité Élargie du Producteur (REP) et de promouvoir une approche circulaire dans toute la chaîne de valeur du secteur. Il s’agit aussi d’investir massivement dans la formation et le développement des compétences. En effet, le manque de main-d’œuvre qualifiée constitue un frein majeur à la mise en œuvre des nouvelles pratiques durables et à la décarbonation. Le rapport encourage ainsi gouvernements, banques et entreprises à collaborer davantage, en se basant sur des données robustes pour construire des CDN plus ambitieux, crédibles et réalisables. 

Source : UNEP – https://www.unep.org/news-and-stories/press-release/emissions-building-sector-stopped-rising-first-time-2020-un-finds – Publié le 17/03/2025