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Déchets bâtiment : alerte sur les retards de la filière REP PMCB  

Les déchets du bâtiment issus de chantier restent mal gérés en France. En conséquence, la filière REP PMCB peine à structurer le recyclage des matériaux construction, favorisant les dépôts sauvages. 

Déchets du bâtiment issus des chantiers : la filière REP PMCB encore loin des objectifs  

Près de trois ans après sa création officielle, la filière REP PMCB, censée organiser la collecte et le traitement des déchets du bâtiment issus des chantiers, peine toujours à atteindre sa pleine efficacité. Initialement pensée pour responsabiliser les metteurs sur le marché (fabricants et distributeurs de matériaux construction), elle devait permettre un désengorgement des déchetteries publiques et mettre fin aux dépôts sauvages en favorisant le recyclage.

Pourtant, selon les dernières données disponibles, seuls 6 % des résidus non inertes (issus du bois, plastique, plâtre ou métal) sont effectivement collectés via ce réseau, alors que l’objectif réglementaire fixé à 53 % semble hors de portée. Cette stagnation inquiète fortement les collectivités locales, qui constatent une inertie dans le déploiement des infrastructures promises. De nombreux territoires, notamment en zones rurales ou périurbaines, ne disposent d’aucun point de collecte professionnel opérationnel, créant une véritable fracture territoriale. 

Le manque de points de collecte pointé du doigt 

Les professionnels du bâtiment sont eux aussi affectés par ces dysfonctionnements. Faute de solutions accessibles pour évacuer leurs déchets de chantier, bon nombre d’entre eux continuent de se tourner vers les déchetteries municipales, pourtant inadaptées à accueillir des volumes aussi importants. Résultat : engorgement, allongement des délais de traitement et surcharge des déchets du bâtiment pour les agents publics. Certains éco-organismes admettent eux-mêmes que dans au moins cinq régions, le maillage territorial promis n’est toujours pas mis en œuvre. Pourtant, cette structuration était censée être une alternative concrète et efficace aux dépôts illicites. Aujourd’hui, la quasi-absence de déchetteries professionnelles empêche la bonne gestion de ces flux, fragilise les engagements environnementaux et génère un sentiment d’abandon chez les artisans et PME du secteur du bâtiment. 

Explosion des dépôts sauvages : un fléau environnemental et social 

L’absence de solutions concrètes engendre une recrudescence des dépôts sauvages de déchets du bâtiment sur tout le territoire. Zones naturelles, bords de routes, chemins forestiers : aucun espace n’est épargné. Ces actes inciviques, souvent commis par manque de solutions logistiques, coûtent plusieurs centaines de millions d’euros par an aux communes françaises.

En plus de nuire à l’image des territoires, les déchets du bâtiment participent à la dégradation des sols, polluent les nappes phréatiques et engendrent des risques sanitaires graves. Plusieurs élus ont déjà alerté l’État sur les conséquences sociales de ces incivilités environnementales, comme dans le Var où un maire a tragiquement perdu la vie en tentant de faire cesser un dépôt sauvage. AMORCE et d’autres associations appellent donc à transférer la responsabilité du nettoyage aux éco-organismes, qui doivent prendre en charge à 100 % la résorption de ces sites pollués. 

Financement inéquitable : les collectivités en première ligne 

Au-delà de la logistique, c’est toute l’équation économique du dispositif REP PMCB qui est remise en question. Actuellement, les déchetteries publiques reçoivent massivement les déchets du bâtiment (professionnels), en compensation du retard pris par la filière. Pourtant, le taux de financement par les éco-organismes varie grandement selon les territoires : entre 0 % et 50 %, selon les premières estimations. Cela place les collectivités dans une situation intenable, où elles doivent financer sur fonds propres un service qui aurait dû être couvert par la REP. Une situation jugée illégale au regard de la directive Déchets de l’Union européenne, qui impose une prise en charge minimale de 80 % par les producteurs. Le respect de cette directive est crucial pour garantir l’équilibre économique et écologique du dispositif et préserver la confiance des citoyens dans la transition environnementale. 

Recyclage des matériaux construction : une valorisation encore trop marginale 

En théorie, la filière REP devait encourager le recyclage des matériaux construction à travers une collecte spécialisée et des centres de tri performants. En pratique, le tri reste trop peu systématique, les flux sont mélangés et peu de matériaux sont réellement valorisés. Résultat : une immense part des déchets du bâtiment est soit enfouie, soit incinérée, en totale contradiction avec les objectifs de l’économie circulaire. Le bois, les métaux, les plastiques ou encore les isolants issus des chantiers possèdent pourtant un potentiel de réutilisation énorme.

Pour que cette filière tienne ses promesses, il est urgent de mettre en place des incitations fiscales et logistiques à destination des artisans et entreprises de construction. Il en va de la transition écologique mais aussi de la compétitivité du secteur, qui pourrait se réinventer en s’appuyant sur des filières locales de réemploi des matériaux. 

Source : AMORCE – https://amorce.asso.fr/actualite/dechets-du-batiment-les-collectivites-appellent-au-respect-de-la-loi-sur-la-rep-pmcb – Publié le 03/04/2025 

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