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Zones climatiques locales : cartographier les villes face aux fortes chaleurs  

Zones climatiques locales : cartographier les villes face aux fortes chaleurs  

27 Mai, 2025

Le Cerema propose une carte interactive des zones climatiques locales (LCZ), couvrant 12 000 villes. Cet outil identifie les ilots de chaleur en ville et offre un aperçu clair de la sensibilité thermique via des données LCZ normalisées. 

Zones climatiques locales : un outil pour anticiper les risques urbains  

Le concept de zones climatiques locales (LCZ) repose sur une classification géo-climatique rigoureuse qui segmente le territoire en 17 types homogènes selon leur structure urbaine ou naturelle. Le Cerema, en partenariat avec des laboratoires de recherche, a mis au point un outil basé sur des images satellites à très haute résolution couplées à des bases de données ouvertes. Cette carte permet d’identifier les quartiers les plus sensibles au phénomène d’îlot de chaleur urbain. Les utilisateurs peuvent accéder à des données uniformisées, classant chaque zone selon son degré d’exposition thermique. Ce dispositif de cartographie des zones climatiques locales répond à la mesure 13 du Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC3), qui vise à « renaturer les villes » afin de renforcer leur résilience. L’outil constitue ainsi une avancée stratégique pour lutter contre les effets localisés du changement climatique, particulièrement dans les environnements densément peuplés. 

Cartographier les villes : une base de données riche et précise 

Le service LCZ du Cerema couvre 88 grandes aires urbaines de France métropolitaine, englobant 12 000 communes et 44 millions d’habitants. Les données recueillies s’appuient sur un découpage précis de l’espace urbain, distinguant notamment les espaces bâtis à forte densité, les espaces végétalisés, les sites industriels ou encore les plans d’eau. L’analyse révèle qu’environ 20 000 hectares de espaces urbanisés présentent une forte ou très forte sensibilité thermique. Cela représente une superficie deux fois supérieure à celle de la ville de Paris. Les zones climatiques locales concentrent les effets les plus marqués du phénomène d’îlot de chaleur, et nécessitent des actions d’adaptation ciblées. 

Des millions de Français directement exposés aux ilots de chaleur 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 4,2 millions de personnes vivent dans des régions à forte ou très forte sensibilité à la chaleur, principalement dans les communes de plus de 20 000 habitants. Pour les métropoles de plus de 400 000 habitants, cette proportion grimpe à 50 % de la population. En comparaison, les villes de 100 000 à 200 000 habitants affichent un taux de 16 %, et celui-ci chute à 7 % pour les métropoles entre 20 000 et 50 000 habitants. Ces statistiques confirment que la densité urbaine est un facteur clé dans l’amplification des effets thermiques. Cette carte des zones climatiques locales devient alors un levier crucial pour repenser les politiques d’urbanisme, car elle met en évidence les quartiers à risque, appelant à des réponses différenciées selon le profil démographique et spatial des villes. 

Un outil de pré-diagnostic pour guider les décisions internes 

Le service proposé par le Cerema ne se limite pas à l’observation. Il constitue un véritable outil de pré-diagnostic pour les collectivités. De nombreuses municipalités utilisent déjà la carte des zones climatiques locales pour évaluer leur vulnérabilité thermique et orienter leurs décisions. Par exemple, la Métropole Européenne de Lille, Rodez Agglomération ou Paris Terres d’Envol ont recours à cet outil pour intégrer des objectifs de rafraîchissement urbain dans leurs projets de renouvellement. L’outil aide également à la révision des Plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUi), comme à Limoges Métropole. Grâce à cette cartographie précise, les territoires peuvent prioriser leurs efforts d’adaptation et mobiliser les ressources là où elles sont le plus nécessaires. 

Adapter la ville avec des outils complémentaires 

Le LCZ ne fonctionne pas en vase clos. Il s’intègre dans une gamme d’outils proposés aux collectivités pour affiner leurs politiques d’adaptation. Météo France met à disposition « Climadiag Chaleur en ville », un service qui permet d’évaluer la sensibilité thermique actuelle et future selon différents scénarios liés au climat. De son côté, l’Ademe propose la plateforme « Plus fraîche ma ville », où les collectivités peuvent simuler des actions, estimer leur budget et obtenir des recommandations techniques. Ensemble, ces outils créent un écosystème cohérent et puissant au service des territoires. Le tout s’inscrit dans la dynamique de la « Mission adaptation », dispositif national destiné à accompagner les territoires les plus exposés dans la mise en œuvre de solutions concrètes et financées. 

Un enjeu central dans les politiques d’aménagement urbain 

Les zones climatiques locales sont désormais un indicateur incontournable pour repenser les aménagements urbains. Au-delà de la cartographie, c’est toute une logique de transformation des territoires qui se met en place. Les collectivités sont invitées à intégrer les données LCZ dans leurs plans d’actions : végétalisation, désimperméabilisation, renaturation, choix de matériaux réfléchissants, etc. Ces démarches s’inscrivent dans des politiques globales d’atténuation et d’adaptation. Elles permettent aussi de sensibiliser les élus et les citoyens aux impacts concrets du dérèglement climatique sur leur cadre de vie quotidien. Le travail du Cerema sur la cartographie des zones climatiques locales ouvre la voie à une urbanisation plus résiliente, qui combine données scientifiques, technologies géospatiales et engagement local. 

Source : CEREMA – https://www.cerema.fr/fr/presse/dossier/zones-climatiques-locales-lcz-outil-libre-service-visualiser – Publié le 21/05/2025