2 Déc, 2024
En Norvège, le passage au tout électrique devient une réalité palpable. Dès 2025, seules des voitures « zéro émission » seront vendues, interdisant ainsi la voiture thermique. Une politique ambitieuse qui dépasse les objectifs de l’UE et repose sur des incitations financières et des transformations sociétales.
La Norvège, pionnière du tout électrique et moteur du changement
Dans les banlieues résidentielles d’Oslo, la révolution du tout électrique est visible à chaque coin de rue : presque une maison sur deux arbore une voiture électrique. À Baerum, une municipalité exemplaire dans ce domaine, 43 % des véhicules immatriculés sont électriques, bien au-dessus de la moyenne nationale. Ce virage majeur repose sur des décisions stratégiques prises il y a plus de deux décennies. Exemptées de taxes importantes (TVA, taxe sur le poids, certificat d’immatriculation), les voitures électriques sont devenues bien plus compétitives que leurs homologues thermiques, lourdement taxées. Pour Bård Gundersen, habitant de Baerum et propriétaire d’une BMW iX, le choix était évident. « L’achat de mon SUV électrique coûtait presque moitié moins cher qu’un modèle thermique », explique cet entrepreneur, qui a adopté l’électrique dès 2016.
Ce pari d’envergure reflète une ambition claire : faire de la Norvège le premier pays au monde à abandonner totalement les moteurs thermiques neufs. Ce défi du tout électrique dépasse largement celui de l’Union européenne, qui vise une interdiction similaire en 2035. En Norvège, la barre est fixée pour 2025, prouvant que des résultats rapides sont possibles lorsqu’une vision politique s’accompagne d’incitations concrètes et efficaces.
Des chiffres impressionnants sur les plans du pays, locomotive de l’électromobilité dans l’UE
Les statistiques de 2024 témoignent d’une transition spectaculaire. En septembre 2024, les immatriculations de véhicules tout électrique en Norvège représentaient 96,4 % du total des ventes, contre seulement 17,3 % pour l’ensemble de l’Europe. Une comparaison frappante qui illustre le rôle pionnier du pays nordique. En 2012, les VE ne comptaient que pour 2,8 % des ventes norvégiennes. Ce bond exceptionnel est le fruit d’une stratégie durable et volontariste, dans un pays qui ne dispose pourtant d’aucun constructeur automobile local. La disparition progressive des véhicules thermiques est également soutenue par une amélioration des technologies électriques et une diversification des modèles.
Cette ascension a également été marquée par le rôle central de certains fabricants. Tesla, avec son Model Y, dès ses débuts, a profité des politiques avantageuses pour se positionner comme un acteur majeur du marché norvégien. Aujourd’hui, d’autres marques, comme Volkswagen, ont pris le relais, consolidant une offre variée qui répond aux besoins d’une population désormais largement acquise à l’idée de rouler « zéro émission ».
Bonus – Malus voiture thermique, etc. : des politiques visionnaires et des mesures novatrices
Le succès de la Norvège en matière de transition vers le tout électrique repose en grande partie sur un système de bonus-malus inédit qui combine incitations fiscales et pénalités pour toute voiture polluante. Au-delà des avantages financiers, le gouvernement a multiplié les initiatives pour favoriser l’adoption massive de l’électrique. Dès les années 1990, des militants écologistes, dont le chanteur Morten Harket du groupe A-ha, ont mis en lumière l’importance de ces véhicules en menant des campagnes audacieuses de désobéissance civile. Ces actions ont débouché sur des avantages concrets comme la gratuité des péages urbains et du stationnement pour les véhicules électriques, encore rarissimes à l’époque.
En 2005, une autre mesure phare a permis aux voitures électriques d’emprunter les couloirs réservés aux bus, réduisant ainsi les embouteillages pour leurs propriétaires. Avec le temps, certains de ces avantages ont été supprimés ou réduits, mais leur impact initial a été décisif pour installer durablement les voitures électriques dans les habitudes des Norvégiens. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes politiques qui inspirent d’autres nations désireuses de suivre l’exemple norvégien.
Ecomobilité : un modèle à adapter pour d’autres pays
Si la Norvège a prouvé que la transition vers le tout électrique est possible, son modèle n’est pas sans limites pour d’autres régions du monde. L’infrastructure nationale, avec un réseau dense de stations de recharge, est adaptée aux spécificités géographiques du pays. Pourtant, ses conditions climatiques extrêmes, avec des hivers rigoureux qui affectent l’autonomie des batteries, montrent que des solutions techniques existent pour relever ces défis.
Les constructeurs automobiles jouent également un rôle crucial dans cette transition. Volkswagen, par exemple, a cessé de commercialiser des véhicules thermiques en Norvège, marquant ainsi une étape clé vers l’électrification complète de son parc. Cependant, certaines marques, comme Toyota, font de la résistance en continuant à produire des modèles thermiques et hybrides. De plus, des débats internes subsistent : le ministre des Finances norvégien a récemment tempéré les ambitions du gouvernement en affirmant qu’il ne serait pas problématique de voir quelques voitures thermiques encore vendues en 2025.
Des avancées technologiques et une adoption culturelle forte
En dix ans, les progrès technologiques ont considérablement changé la donne. Les batteries offrent désormais une autonomie accrue, et l’offre de modèles s’est diversifiée pour répondre aux attentes variées des consommateurs. De même, les taxis d’Oslo, entièrement « zéro émission » depuis novembre 2024, incarnent cette évolution rapide vers l’écomobilité. En parallèle, la réduction des coûts d’entretien des véhicules électriques et la facilité d’accès aux bornes de recharge contribuent à renforcer leur attractivité.
À l’échelle mondiale, le cas norvégien offre un exemple inspirant, mais il nécessite des adaptations selon les contextes nationaux. La transition vers le tout électrique ne pourra s’opérer que par une combinaison intelligente de politiques publiques, d’innovation technologique et de changement des mentalités.
Avec ETX / DailyUp