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Leucémie pédiatrique : des chercheurs recréent la maladie à partir de cellules humaines

Leucémie pédiatrique : des chercheurs recréent la maladie à partir de cellules humaines

2 Mai, 2025

La leucémie pédiatrique reste une maladie redoutable. Grâce à des recherches scientifiques avancées, l’Inserm a reproduit en laboratoire cette forme de cancer en utilisant des cellules humaines. Cette avancée pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour les nourrissons atteints. 

Une avancée majeure dans la recherche sur la leucémie pédiatrique  

Des chercheurs de l’Inserm, dirigés par Thomas Mercher à Gustave Roussy, ont franchi une étape décisive dans la compréhension de la leucémie pédiatrique aiguë myéloïde (LAM). En recréant en laboratoire le processus de transformation des cellules humaines saines en néoplasmes, ils offrent une nouvelle perspective sur les mécanismes génétiques et épigénétiques de cette maladie. Ce travail s’appuie sur l’utilisation de cellules souches pluripotentes induites (iPSC), capables de se différencier en divers types cellulaires. En manipulant ces tissus, les chercheurs ont pu recréer les premières étapes du développement de la leucémie pédiatrique et mieux comprendre les mutations responsables. Publiée dans la revue Blood, cette étude représente une avancée significative dans la lutte contre ce cancer chez les enfants au pronostic souvent défavorable. 

La LAM chez les enfants : un cancer agressif 

La LAM est une forme de cancer qui affecte la moelle osseuse et perturbe la production normale de tissus sanguins. Elle se caractérise par une prolifération anarchique d’unités vivantes immatures appelées blastes, qui envahissent la circulation sanguine et empêchent le bon fonctionnement du système immunitaire. Parmi ses sous-types, la leucémie aiguë mégacaryoblastique (LAM7) est particulièrement virulente. Diagnostiquée chez les nourrissons entre 0 et 2 ans, elle est associée à une mutation spécifique : la fusion ETO2::GLIS2. Cette fusion génétique résulte d’une inversion chromosomique qui favorise une division cellulaire incontrôlée. À ce jour, les traitements existants restent peu efficaces face à cette anomalie pédiatrique, rendant impératif le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. 

Des cellules souches humaines au service de la modélisation de la maladie 

Pour comprendre la leucémie pédiatrique et la transformation d’une cellule saine en cellule cancéreuse, les chercheurs ont utilisé les iPSC. Ces tissus, obtenus à partir de tissus humaines adultes comme celles de la peau, sont reprogrammés pour retrouver un état embryonnaire. Ils peuvent ainsi être différenciés en divers types cellulaires, y compris les cellules hématopoïétiques responsables de la production des globules sanguins.

L’équipe de Thomas Mercher a utilisé la technique CRISPR/Cas9, un outil de génie génétique ultra-précis, pour induire l’anomalie du chromosome 16 responsable de la fusion ETO2::GLIS2. En observant l’évolution de ces unités modifiées, les chercheurs ont constaté qu’elles présentaient les mêmes caractéristiques que les tissus leucémiques observés chez les jeunes patients. Cette approche inédite permet d’explorer avec précision les premiers stades du développement de cette maladie et de tester l’impact de nouvelles molécules thérapeutiques. 

Un espoir de diagnostic et de traitement grâce au gène DLX3 

Une autre découverte majeure de cette étude concerne le rôle du gène DLX3 dans le développement de la leucémie pédiatrique. Ce gène, activé par la fusion ETO2::GLIS2, joue un rôle clé dans la transformation des cellules saines en tissus cancéreux. Il modifie l’accessibilité de certaines régions du génome, facilitant l’activation de gènes impliqués dans la prolifération cellulaire. Lors d’expériences menées sur des iPSC modifiées, les chercheurs ont pu bloquer l’expression de DLX3, empêchant ainsi l’apparition de la leucémie pédiatrique. Bien que ces résultats soient encore expérimentaux, ils ouvrent la voie à de nouvelles approches thérapeutiques ciblées. Si des techniques permettant d’inhiber ce gène voient le jour, elles pourraient offrir un nouvel espoir aux nourrissons atteints de cette maladie agressive. 

Vers une détection plus précoce de la maladie 

Actuellement, le diagnostic de la leucémie pédiatrique repose sur des analyses biologiques complexes et intervient souvent à un stade avancé de la maladie. L’identification du rôle de la fusion ETO2::GLIS2 et de DLX3 pourrait permettre le développement de nouveaux outils de dépistage précoce. En détectant cette anomalie génétique avant l’apparition des symptômes, il serait envisageable d’intervenir plus rapidement et d’améliorer le pronostic des patients. Par ailleurs, l’utilisation d’iPSC comme modèle d’étude pourrait accélérer la mise au point de thérapies personnalisées, adaptées aux spécificités génétiques de chaque patient. 

Source : Inserm – https://presse.inserm.fr/des-chercheurs-parviennent-a-reproduire-une-leucemie-pediatrique-a-partir-de-cellules-humaines-non-cancereuses/70196/ – Publié le 13/03/2025